Réconciliation, responsabilité et pensionnats

Aperçu
Le trou de bouillie - Institut Mohawk : 1834 à 1969
Chronologie
Qu’est-ce que vivaient les enfants au quotidien?
Aperçu

Dans cette unité sur l’Institut Mohawk, les élèves sont mis en contact avec les six concepts de la pensée historique en apprenant au sujet d’une communauté mohawk (Kahnawake) et de l’importance de la revitalisation de la langue mohawk. Par exemple, dans la Leçon 2, les élèves apprennent l’histoire des pensionnats indiens et de l’Institut Mohawk. Par le biais d’une activité sur la chronologie, d’une lecture et de questions de discussion, les élèves s’engagent dans une réflexion sur l’importance historique et les dimensions éthiques de l’Institut mohawk et sur la façon dont il a aff ecté la communauté mohawk. Ensuite, dans la leçon 4, les élèves réfléchiront aux causes et conséquences lorsqu’ils entendront le récit d’un survivant des pensionnats. Ils apprendront alors les répercussions directes de l’Institut Mohawk sur une personne qui l’a fréquenté. Les concepts de la pensée historique sont mis en évidence tout au long de l’unité, car les leçons invitent les élèves à réfléchir de manière approfondie à la relation passée et présente du Canada avec les peuples autochtones, aux eff ets du système des pensionnats indiens et à leur propre rôle dans les eff orts de réconciliation.

Le trou de bouillie - Institut Mohawk : 1834 à 1969

Le premier pensionnat indien au Canada a été l’Institut Mohawk, situé dans l’actuelle ville de Brantford, en Ontario. L’école a été créée à l’origine par la New English Company (NEC), en 1828, comme école de jour (les enfants ne fréquentaient l’école que le jour) pour les garçons des Premières Nations de la réserve des Six Nations. En 1834, l’école devient un pensionnat pour garçons et filles, ce qui marque le début du système canadien de pensionnats pour les enfants des Premières Nations (Église anglicane du Canada, 2008). Communément appelé le « Mush Hole », l’Institut Mohawk a été exploité jusqu’en 1970. C’est le pensionnat indien qui a été en activité le plus longtemps au Canada (CVR, 2015). Les enfants qui ont été forcés de fréquenter l’Institut Mohawk venaient principalement de la réserve des Six Nations, de New Credit, de Moraviantown, de Sarnia, de Walpole Island, de Muncey, de Scugog, de Stoney Point, de Saugeen, de la baie de Quinte et de Kahnawake (Église anglicane du Canada, 2008).

Chronologie
  • 1828 - Établi sous le nom de Mechanics’ Institute, l’Institut Mohawk a d’abord été une école de jour de formation manuelle pour les garçons des Six Nations.
  • 1834 - Ajout de dortoirs pour accueillir dix garçons et quatre filles.
  • 1840 - L’inscription atteint 40 élèves, et il y a une liste d’attente d’élèves demandant l’admission. L’enseignement se donne en anglais, mais les élèves sont autorisés à parler leur langue. La communauté mohawk voit l’école comme un endroit où ses enfants peuvent recevoir une éducation européenne formelle, mais pas au détriment de leur culture linguistique.
  • 1854-1859 - Le pensionnat est détruit par le feu et le nouveau bâtiment est érigé à quelques centaines de mètres de l’ancien emplacement. Ce site serait l’emplacement final de l’école pour plus d’un siècle.
  • 1860 – La New English Company (NEC) acquiert une grande exploitation agricole et la formation professionnelle se concentre alors sur l’agriculture, ce qui en fait une entreprise rentable au milieu des années 1870. L’école adopte le nom plus familier d’Institut Mohawk.
  • 1868 – Le nombre d’inscriptions atteint 90 élèves.
  • 1872 – L’utilisation des langues des Premières Nations est interdite à l’école.
  • 1885 - Le gouvernement canadien fournit un ? nancement à l’école pour qu’elle accepte des élèves d’autres réserves.
  • 1884 - Une modification à la Loi sur les Indiens rend obligatoire l’« éducation » dans un pensionnat ou un externat pour les enfants des Premières nations.
  • 1903 - Le bâtiment principal de l’école et les granges sont détruits par des incendies allumés par des élèves.
  • 1908- Un petit hôpital vient s’ajouter à l’école en 1908.
  • 1922 - Le gouvernement fédéral prend en charge le fonctionnement de l’école avec un certain financement continuant de venir de la NEC.
  • 1934 - Ajout de nouveaux dortoirs, ce qui porte à 150 le nombre d’inscriptions.
  • 1955 - L’eff ectif atteint 185 élèves.
  • Années 1960 - L’école devient une maison de pension, off rant un logement aux enfants qui ont besoin de soins et d’attention spéciaux et aux enfants des réserves éloignées qui n’ont pas accès à des externats.
  • 1969 - Le 1er avril, le gouvernement canadien prend le contrôle total de l’école.
  • 1970 - Le 30 juin, l’Institut Mohawk ferme ses portes. On vide finalement l’école le 31 mars 1971 et le bâtiment est off ert à la communauté des Six Nations.
  • 1972 - L’immeuble rouvre sous le nom de Woodland Cultural Centre, organisme sans but lucratif qui sert à préserver et à promouvoir la culture et le patrimoine des Premières Nations.

Sources : (Église anglicane, 2008; Graham, 1996; CVR, 2015; Woodland Cultural Centre, 2018).

Qu’est-ce que vivaient les enfants au quotidien?
Programme d’activités

Le but de l’Institut Mohawk n’était pas d’off rir un enseignement aux élèves, mais plutôt de séparer les enfants de leur foyer et d’ «aider» les élèves à devenir de bons chrétiens et de bons travailleurs. Les garçons étaient censés faire du travail manuel au moins la moitié de la journée, dans des métiers comme la menuiserie, la fabrication de chaussures, la confection de vêtements, l’impression et l’agriculture (Bibliothèque et Archives Canada, 2006/1895). Les filles étaient censées faire du jardinage, cuisiner, nettoyer, coudre et tisser (Que sont les enfants devenus?, 2017; CVR, 2015). La vie des enfants était extrêmement réglementée et stricte, et certains des directeurs croyaient que l’école devait être gérée comme une prison ou l’armée (Graham, 1997). À l’Institut Mohawk, environ la moitié des étudiants ont tenté de s’enfuir - certains ont essayé de s’enfuir à maintes reprises (Graham, 1997).


Nourriture inadéquate

La piètre qualité de la nourriture à l’Institut Mohawk est un souvenir commun pour beaucoup de survivants qui ont fréquenté l’école. Les élèves surnommaient l’école le « Mush Hole » (le trou de bouillie) en référence au gruau d’avoine qu’on y servait à chaque petit-déjeuner et à la plupart des dîners (Graham, 1997). Certains survivants affi rment manger encore du gruau, mais beaucoup d’entre eux n’en mangent plus parce qu’il leur rappelle leur séjour au «Mush Hole ». Lors d’une inspection eff ectuée en 1946 par un médecin fonctionnaire, on a constaté que la farine, le sucre et le pain étaient exposés à des souris et à des mouches, et que le lait servi aux enfants était illégalement non pasteurisé (Fondation autochtone de guérison, 2001; Shingwauk Project and Residential School Research, 2008). Beverly Albrecht, survivante de l’Institut Mohawk, se souvient que « les enfants ne mangeaient jamais assez [...] Il y avait beaucoup de nourriture sur la table des gens qui s’occupaient de nous. … Il y avait du beurre sur leur table. Nous avions du gras sur notre pain » (Albrecht, n.d.) Même si les élèves travaillaient à la ferme scolaire, où on trouvait des poulets, des vaches et un verger de pommiers, ces aliments frais étaient souvent consommés uniquement par le personnel ou vendus en ville (Graham, 1997).


Voir l’unité de 6e année (PDF)
8e année
10e année
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